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9 mars 2019

Bonheur simple

Je désire écrire un article sur un livre que je viens de commencer. Et puis je ne m'en sens pas l'énergie. Je vais de mon canapé à ma table de travail, j'ouvre mon ordinateur. Je retourne sur mon canapé. J'attrape le fameux livre. J'en lis un extrait. Je savoure. Je réalise que je manque de force pour écrire. Mais alors vient la culpabilité de ne pas le faire, de ne rien faire. Si je vous donne le titre du livre vous allez comprendre pourquoi, tout d'un coup, j'ai souri :

"L'art presque perdu de ne rien faire" !

L'auteur s'appelle Dany Laferrière. Vous le connaissez sans doute. Je savoure ses écrits comme on déguste un bon vin. C'est du plaisir instantané qui se prolonge dans le temps. J'ai lu il y a quelques années son "Journal d'un écrivain en pyjama". Avec le même plaisir.



A l'heure où beaucoup de personnes sont victimes d'épuisements professionnels, on devrait distribuer cet ouvrage comme un remède au  désespoir d'être en surchauffe. S'arrêter, se laisser aller à vivre en ne faisant rien, un instant plus ou moins long selon sa capacité, c'est tout un art !

Extrait : 
L'art de manger une mangue 

On suppose que vous vous trouvez
à ce moment là quelque part
au sud de la vie.
Il faut attendre alors un midi de juillet
quand la chaleur devient insupportable.
Une cuvette blanche remplie d'eau fraîche
sur une petite table bancale,
sous un manguier.
Vous arrivez en sueur d'une demi-journée
agitée pour vous asseoir à l'ombre,
sans rien dire pendant un long moment,
jusqu'à ce que votre sieste
soit interrompue
par le bruit sourd d'une mangue
qui vient de tomber près de votre pied.
Il faut la respirer longuement
avant de la dévorer pour qu'il ne 
reste plus une once de chair
ni non plus une goutte de jus.
Puis vous vous lavez le visage et le torse
dans la cuvette d'eau
avant de retourner à votre chaise.
La mangue de midi est la grâce du jour.

C'est ainsi que commence L'art presque perdu de ne rien faire. Un délice n'est-ce pas ? A moins que vous ne l'ayez lu rapidement, dans votre tête... Si c'est le cas, permettez-moi de vous suggérer de le relire, lentement, à voix haute, comme si vous racontiez une histoire à quelqu'un.

Petit bonheur garanti.


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