Est-ce le fruit d’une lecture, de quelques mots parcourus
l’air de rien ? J’ai soudain pris le parti de trouver que la vie était
belle. Ou plutôt que j’allais vivre chaque instant de mes journées en étant le
plus possible souriante et avenante, aux autres, à tous ces gens que l’on
croise, à pied, en voiture, sur les routes, au travail, dans les magasins, chez
soi.
Ça m’est venu un lundi matin, période de la semaine que
j’aime le moins, parce que je ne pouvais plus continuer à me lever le lundi en
me disant à chaque fois « vivement vendredi soir ».
Cela durait depuis des mois, presque un an et demi : mon
travail devenait insupportable, générateur d’un mauvais stress, difficultés au
quotidien sans possibilité d’amélioration aucune.
Ce matin-là, donc, sans m’en rendre vraiment compte, mes
pensées commencèrent à évoluer d’un « tout négatif » à un
« négatif évoluant vers du positif ». Par exemple, au lieu de
maugréer au réveil devant mon miroir de salle de bain à la vue de mon visage
bouffi par le sommeil, je m’exprimais joyeusement « Bonjour ! Quelle
joie de te voir ce matin !! » Du coup, l’effet fut immédiat, je reçus
en échange un magnifique sourire … le mien !! Je vous assure que ça change
tout ! Et ce n’était que le début.
Je pris mon petit déjeuner, savourant la moindre bouchée, tout en écoutant la radio. La météo
s’annonçait froide et pluvieuse. Quelle aubaine ! Étant ainsi prévenue,
j’allais m’habiller en conséquence !
Cela me semblait d’une simplicité enfantine, pourquoi n’y
avais-je pas pensé plus tôt ?...
Mais je n’étais pas encore sortie de chez moi, je n’avais rencontré
personne, mon côté avenant n’avait donc pas encore été testé …
Me voilà au volant de ma petite voiture en route vers mon
travail. Plutôt que de me laisser envahir par des tourments liés aux tâches
professionnelles qui m’attendaient, je pris le parti de chanter, en écoutant le
CD de mon dernier (et unique !) concert. J’ai barré "unique"
beaucoup trop négatif pour ma nouvelle personne. Je chantais donc en chœur avec
moi-même. Tout en roulant, ma positivité naissante fut mise à rude épreuve. Me
voilà insultant le chauffeur qui n’a pas mis son clignotant ou cet autre qui
force le passage dans les bouchons alors que j’ai déjà laissé passer un
automobiliste !! Faut pas exagérer !! Je me reprends, me sermonnant d’un
« sois souriante ! Sois polie ! » Et je me mets à rouler
calmement, laissant passer ceux qui le souhaitent, remerciant ceux qui me
laissent passer. Je me congratule chaudement tout en entonnant gaiement
« Si t’en as marre » (une de mes chansons).
La journée au travail se déroula professionnellement comme
d’habitude, à la seule différence que je me suis efforcée de sourire, de
prendre le temps de parler et d’écouter toute personne qui s’adressait à moi,
que ce soit pour me demander des renseignements, ou m’engueuler.
Et bien ça change tout !! Au lieu d’anticiper sur tous les problèmes qui pourraient arriver, je pris le parti d’imaginer qu’il n’y avait pas de problèmes.
Et bien ça change tout !! Au lieu d’anticiper sur tous les problèmes qui pourraient arriver, je pris le parti d’imaginer qu’il n’y avait pas de problèmes.
Les échanges avec les clients, fournisseurs, collègues en
furent transformés. Beaucoup d’entre eux me renvoyèrent des paroles aimables et
des sourires.
Cette première journée me laissa épuisée. Par manque
d’habitude sans doute.
Allais-je tenir le coup un autre jour ? Toute cette positivité n’était elle pas trop soudaine ? J’aurais peut-être dû le faire progressivement …
Me voilà presque au bout de la semaine, et j’ai survécu. Jour
après jour, je m’étais mise à sourire à tout le monde, la caissière, des femmes
dans un supermarché qui étaient dubitatives devant l’étal des pâtisseries, un
jeune homme réunionnais qui ne trouvait pas la touche « piment » sur
la balance électronique du rayon fruits et légumes (du coup, il m’a donné la
recette qu’il faisait avec !), j’ai regardé les gens partout où j’allais
plutôt que de m’enfermer dans mon monde intérieur, j’ai vu beaucoup de
personnes quelconques, ordinaires, comme moi, des petits, des gros, des jeunes,
des vieux, des tristes, des joyeux, des silencieux, des bruyants. La
vie !!
Le résultat de cette soudaine envie d’exister avec les
autres, fut beaucoup d’échanges joyeux très peu d’échanges agressifs (sauf en
voiture, je dois m’améliorer grandement).
Finalement je n’ai eu affaire qu’à très peu de personne
négative ou casse-pied.
La lecture qui m’a inspirée cette décision étrange d’être
finalement joyeuse est « Petit traité de vie intérieure » de Frédéric
Lenoir. « Exister est un fait, vivre est un art »
Quelques extraits :
« Le seul fait d’acquiescer à la vie et à l’être procure un sentiment de gratitude qui est lui-même source de bonheur, qui permet de profiter pleinement du positif et de transformer le négatif autant que faire se peut. Dire « oui » est une attitude intérieure qui nous ouvre au mouvement de la vie, à ses imprévus, ses inattendus et ses surprises. C’est une sorte de respiration qui nous permet d’accompagner intérieurement la fluidité de l’existence. Accepter les balancements des joies et des peines, des bonheurs et des malheurs, accepter la vie telle qu’elle est, avec ses contrastes et ses difficultés, son imprévisibilité. Bien des souffrances viennent de la négation de ce qui est ou de la résistance au changement. »
« … à ce jour, je peux affirmer en vérité que j’aime la vie, bien qu’elle ne m’ait pas toujours fait de cadeaux. Amor fati, j’aime ma destinée, selon la devise stoïcienne, malgré ses hauts et ses bas, car j’ai toujours trouvé la force et les moyens de surmonter les obstacles et les épreuves. »
« Le seul fait d’acquiescer à la vie et à l’être procure un sentiment de gratitude qui est lui-même source de bonheur, qui permet de profiter pleinement du positif et de transformer le négatif autant que faire se peut. Dire « oui » est une attitude intérieure qui nous ouvre au mouvement de la vie, à ses imprévus, ses inattendus et ses surprises. C’est une sorte de respiration qui nous permet d’accompagner intérieurement la fluidité de l’existence. Accepter les balancements des joies et des peines, des bonheurs et des malheurs, accepter la vie telle qu’elle est, avec ses contrastes et ses difficultés, son imprévisibilité. Bien des souffrances viennent de la négation de ce qui est ou de la résistance au changement. »
« … à ce jour, je peux affirmer en vérité que j’aime la vie, bien qu’elle ne m’ait pas toujours fait de cadeaux. Amor fati, j’aime ma destinée, selon la devise stoïcienne, malgré ses hauts et ses bas, car j’ai toujours trouvé la force et les moyens de surmonter les obstacles et les épreuves. »
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