Écrire ! Écrire !! Écrire !!! Voilà la
consigne ! C’est bien joli comme consigne, encore faut-il avoir une
idée ! Encore faut-il être visitée par la Muse !...
J’aimerais tant avoir soudain, le fil conducteur du récit,
pouvoir m’y mettre, enfin, sans me prendre la tête entre les mains, avec un
grand vide à la place du cerveau. Je bug…
La météo n’arrange rien à l’affaire. Le gris, triste et
sombre, est omniprésent depuis ce matin. Ciel bas et lourd. Pluie qui tombe
continuellement sur l’herbe du jardin, rebondit sur les feuilles du lierre,
goutte-à-goutte perpétuel à l’image de ma déprime naissante. Je n’ai rien à
dire, rien à écrire, pourquoi s’obstiner ?...
Et puis il y a eu ce mail. Deux petites phrases qui m’ont
quelque peu chamboulée. « Aimerais-tu écrire pour moi ? Prends
ton temps, tranquillement, avant de
répondre ! ». Serais-je devenue à ce point reconnue comme Autrice pour
qu’on me réclame un texte ? Cela me flatte. Et me fait peur. Mais me
flatte ! Que répondre ? « Je suis débordée » (faux).
« Je vais y penser » (mensonge). « Quel plaisir d’écrire pour
toi ! » (Hypocrisie). Le silence serait plus éloquent « Un
mail ? Tu m’as envoyé un mail ?... Je n’ai rien reçu … » (Bravo).
Il faut reconnaître que l’inspiration aime jouer à cache-cache.
Parfois elle apparaît au plus mauvais moment, (pas de possibilité de coucher
ses idées sur le papier), repart, alors qu’enfin on est assis devant sa feuille
blanche, le stylo à la main prêt à se lancer dans une histoire débridée,
pleine d’actions, de rebondissements, de suspens, de quoi tenir le lecteur en
haleine.
L’inspiration est un ballon de baudruche qui se dégonfle sans crier gare.
La douce chaleur du poêle n’arrange rien. Je suis envahie
d’une molle torpeur qui anesthésie mes neurones (ils n’avaient pas besoin de
ça) et engourdit mes doigts sur le crayon … Et si je prenais un verre de …
bordeaux … rouge, cela va de soi ! Le tableau est complet, l’auteur en
devenir du futur best-seller, se laisse aller à une dégustation œnologique en
s’enfonçant confortablement dans son fauteuil, les yeux mi-clos, le nectar
rouge délicatement bu … Que du bonheur ! « Du bonheur ?!! Du
bonheur ?!! Du malheur oui !! Comment veux-tu écrire le roman de ta
vie ? En t’assoupissant tranquillement telle une vieille dame respectable
(ben oui quand même !) qui aurait tellement donné dans son existence
qu’elle pourrait enfin profiter de ce doux moment, tandis que toi, oui
toi ! Enfin moi ! Qui parle ? Ah oui je me parle … ça y est
je suis schizophrène !»
Donc, moi, piètre autrice sans ambition aucune, je m’octroie,
après avoir pondu à peine trois lignes, une pause « vin rouge » …
Est-ce ainsi que Victor Hugo a écrit « Les misérables » ? Que Zola
a écrit « Germinal » ? Que Frédéric Dard a écrit tous ses
« San Antonio » ? J’avoue avoir un faible pour Frédéric Dard. Un
San Antonio remonterait le moral de tous les déprimés chroniques.
Est-ce que ce monologue sur la difficulté que j’ai à
raconter une histoire doit avoir une fin digne de ce nom ? Non.
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