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27 avril 2014

"La femme" de Bénédicte Martin

A ma plus grande joie, une femme formidable, ma belle-sœur, voyant mon article précédent sur ce livre, me l'a offert ! Double plaisir dans ce cadeau, le premier, joie de recevoir, le deuxième, joie d'avoir exactement ce que l'on voulait sans le demander.

Troisième plaisir, celui de le lire. Cette Bénédicte Martin a un style assez indescriptible. Un mélange de prose et de poésie, un choix de texte à charge comme j'aime. Elle n'hésite pas à dire ce qu'elle pense sans détour et cette franchise fait du bien à une époque où l'hypocrisie et les mensonges affluent de toute part. Comme son titre l'indique, le sujet est "la femme". Chaque chapitre aborde un sujet la concernant "De la contraception" ou "De la violence" ou "De la cuisine" ou "De l'infidélité" ou "De la jupe" ou "De la prostitution" ou "De la vieillesse" et plein d'autres encore.
 

Je voudrais vous lire à haute voix des extraits choisis, dont la mélodie n'a d'égal que la richesse du contenu. Je vais devoir en choisir un ou deux pour que vous puissiez les lire ici :

Extrait de "de la maitresse de maison" :
... moi qui m'étais endormie, là où je, gentiment pourris.
otage de mille raisons qui n'étaient pas pour moi,
otage d'une société ménagère où ronfle mon sang qui devient noir,
je suis la femme d'une maison,
je bovaryse, somnolente
dans les coussins du salon,
rêvant à d'autres prisons,
plus grandes, plus belles,
plus pleines de sensations.
...
me serre mon quotidien,
me crève mon train-train,
me tue mon emploi de bureau,
m'achève ma tâche de femme active,
me tâche l'encre de tous mes stylos...
me saignent le tranchant des factures à payer,
me fait chier le dossier du soir,
Je suis la femme à la double journée de travail :
Le domestique, l'invisible,
le non-rémunéré, le non-récompensé,
je suis celle-là qui travaille tard...

Pas facile de choisir un extrait, amputé de phrases à chaque ... mais il faut bien écourter.

A vous d'être curieux ou pas de ces écrits.

Je les aime moi, parce qu'ils chantent la vie, qu'ils raisonnent en moi, femme parmi les femmes, dont la féminité fut niée, écrasée, oubliée, pour faire de moi longtemps, un être ignorant de sa richesse, de l'héritage magnifique de toutes celles me précédant, amantes, mères, filles, porteuses d'amour, de tendresse, de joie, de partage, de sacrifices, oui, nous les femmes, souffrant parfois de manque d'attention, de manque de respect, mais toujours courageuses, fières, relevant la tête malgré l'adversité, souffrant en nos entrailles, souvent, parce Dame Nature est ainsi faite, mais chaque jour plus fortes de nos épreuves passées, sachant donner sans attendre de retour, pleines brassées d'amour, et puis guerrières, et puis amoureuses transies, et puis mères au petit soin, et puis travailleuses sans relâche.
 
Allez, vous mes sœurs, allez vers votre destin ! Celui que vous choisirez, pour coller à vos désirs et non à ceux qu'on vous a programmés, parcourez votre chemin, libres en pensée et en action, continuez à verser vos tendresses, à vivre dans l'ivresse, ayez du répondant, ne vous taisez jamais, soyez telles qu'il vous semble juste et tant pis s'il y a des ratés, vous recommencerez plus fortes et plus joyeuses de tant de liberté !

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