Après toutes ces années à se torturer l’esprit, elle sentit
son amour, sincère, profond, vrai. C’était donc possible, tant de sentiments
bienveillants envers elle ? N’avait-elle pas appris que jamais elle
n’attirerait la moindre douceur, le moindre soupçon de tendresse sans
arrière-pensée ? Tant d’années à être dans la tourmente alors que l’amour
était là, toujours, maladroit peut-être, mais bien présent, à ses cotés.
Comment le voir quand on a été forgée à coups de « méfie-toi des autres »,
« le danger est partout », « ma pauvre fille comment peux-tu
croire que l’on s’intéresse à toi, petite quantité négligeable ? ».
Les cartes distribuées depuis la naissance, ne laissaient
pas la place à une vision idéale des relations humaines mais juste à une vision
paranoïaque, déformée, donnant l’impression d’un monde cauchemardesque où tous
les coups sont permis, où l’on doit se défendre, ou, mieux, attaquer avant de
l’être.
Après tant d’années de luttes incessantes, elle s’assit
enfin, posa les armes inutiles et vaines, regarda droit devant, respira
profondément, et, les yeux grands ouverts, vit l’amour de l’autre.
Simple, sans calcul, juste là, pour elle.
C’était à la fois merveilleux, évident et tellement
reposant.
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