Moi, la
gentille, la douce, la bienveillante, ne suis-je pas la soumise ?
Soumission
apprise, inculquée dans l’enfance. Que reste-t-il aujourd’hui de cet état de
soumission ? Ne serait-il pas temps de faire sauter les chaînes et de
m’exprimer enfin ?
Je pars d’une
hypothèse : le glyphosate 1, et autres pesticides, donne le
cancer. Non, ce n’est pas une hypothèse dénuée de sens. Cela a d’abord été
analysé, à bas bruit, pour ne pas énerver les Monsanto et compagnie. Certains
laboratoires étant à la solde des fabricants de pesticides, les résultats
furent plus ou moins falsifiés. Mais certaines victimes, adultes, se lèvent
enfin et s’expriment contre ces empoisonneurs, avant, pour certains, de
s’écrouler à jamais. Ce sont eux qui, en cessant de se soumettre font avancer,
font prendre conscience des dégâts occasionnés par ces industriels peu
scrupuleux.
Je me suis
renseignée, de mon coté, sur la probabilité que les pesticides aient été
responsables du cancer de mon enfant à l’âge de 2 ans. Si je n’en parle pas ouvertement, si je ne
m’exprime pas sur le sujet, je fais le jeu de la soumission.
Lorsque je suis
tombée enceinte, en 1994, je vivais à la
campagne, ma maison était entourée de champs dont les épandages de pesticides
étaient comme une image d’Épinal. L’eau du robinet, l’air que l’on respirait,
n’étaient-ils pas contaminés par les pesticides ? Qui le sait ? Qui
le dira un jour ? Comme beaucoup, je jardinais, et j’ai utilisé du Roundup2.
Je ne savais pas, nous ne savions pas l’impact sanitaire qu’il avait alors.
Puisque c’était en vente libre, cela ne devait pas être mauvais … On ne se
posait pas la question. Tout comme on ne se la posait pas pour l’alimentation
industrielle vendue dans les supermarchés à grands renforts de campagnes
publicitaires, distillées en continu sur les chaines de télévision, sur les
ondes radio, dans les magazines, sur les panneaux géants installés partout où
le client potentiel pouvait passer. Ces mêmes produits nous instillant des
perturbateurs endocriniens3 dont nous n’avions même pas connaissance…
Pourquoi
devrais-je me taire ? Pourquoi devrais-je me soumettre à ces oligarques
qui, tout comme certaines figures parentales, nous dictent nos
comportements ? Nous imposent leurs lois au nom du pouvoir et de
l’argent ?
Je ressens de la
colère ! Contre qui puis-je l’exprimer ? Je mets au monde une enfant
magnifique, un bébé dont j’espère une vie merveilleuse et deux ans plus tard le
couperet tombe « néphroblastome bilatéral » ! C’est quoi ce
truc ? Un cancer pédiatrique rare qui touche les reins. D’où ça
sort ? Je pose ouvertement la question aux médecins qui n’ont pas
d’explication, nous sommes en 1997. C’est génétique… Aucun cas dans ma famille élargie,
ni dans celle de son papa. Aucune certitude sur son origine donc.
Et si c’était
les pesticides ? Pas de preuve, faute de recherches abouties, pas
d’accusation possible. Trop peu de cas pour se pencher sur le sujet.
Début 2018, un
documentaire est passé sur France 2, « Paul François4 : le
paysan qui défie Monsanto » à « 13h15, le samedi ». Il y parle
de son empoisonnement dû à un pesticide le Lasso, fabriqué par la firme
Monsanto ainsi que du glyphosate et de ses dégâts. Regarder ce reportage sans pleurer de
tristesse et de rage est impossible. Des bébés et des enfants sont morts et
meurent en Argentine où l’épandage est employé à hautes doses. Ce documentaire
est visible sur la chaine Youtube.
Une femme argentine
dont la maison est entourée de champs de soja OGM 5 où l’usage du
glyphosate est intensif, raconte :
« Ma fille est morte d’une malformation rénale. Dans la rue, sept mamans
ont perdu leur enfant. C’était devenu normal qu’on nous rende nos enfants dans
un petit cercueil blanc. Nous, on pensait qu’ils mourraient de cause naturelle,
mais pas du tout ! Les pesticides étaient en train de nous tuer. »
Eduardo Avila Vasquez médecin d’une clinique à
Cordoba dit : « Les mères sont exposées aux produits chimiques,
les pesticides comme le glyphosate, abiment les chaines ADN, ils provoquent des
mutations dans les cellules comme par exemple dans les ovules et les
spermatozoïdes. Donc ça affecte l’embryon. […] Dans les eaux de pluie on
détecte énormément de glyphosate et d’atrazine 6. »
Et le
gouvernement français n’interdit pas le glyphosate ?! Il attend 3
ans ! Il attend quoi ? D’autres malades ? D’autres morts ?
Ma colère est
suscitée par le destin tellement injuste de mon enfant. Je vais faire succinct
ici, j’ai tout raconté ou presque dans mon livre « Un si long
voyage » 7 :
Cancer des reins
détecté lorsque ma fille a deux ans et demi, neuf mois de
chimiothérapie puis un passage au bloc opératoire à trois ans et demie pour lui
retirer un rein trop atteint par les cellules cancéreuses, et éplucher le
deuxième rein « comme une pomme de terre » m’a dit le chirurgien à la
sortie du bloc. On peut vivre avec un rein en bon état. Nous savions que celui
qui restait à notre fille, même si je me refusais de l’entendre, allait finir
par capoter. Hospitalisée en urgence pour sa première séance de dialyse. Je vous passe les détails, je préfère vous épargner. Ma fille a alors six ans. Elle
sera dialysée pendant un an et demi, à raison de trois fois par semaine,
pendant quatre heures. Trois putains d’après-midi par semaine, piquée dans son
petit bras par deux grosses aiguilles, allongée pendant quatre heures, à coté
d’une machine qui lui prend son sang, le « lave » et lui redonne. Un
premier appel pour une greffe, ambulance
direction le CHU à trois cent kilomètres de chez nous, badigeonnée de Bétadine de la tête aux pieds, attente anxieuse de
plusieurs heures au service néphrologie, prête pour le bloc, le greffon sera-t-il pour elle ou pour un
autre enfant ? … Pas pour elle … retour à la maison, et re dialyse.
Et puis, un jour
de mars 2002, cette fois, l’appel pour
la greffe est le bon. Une résurrection après bien des épreuves. Elle grandit,
mieux, mais pas sans soucis médicaux. Des périodes d’accalmie suivies
d’hospitalisations en urgence, à plusieurs reprises. Des médicaments à prendre
trois fois par jour à heures fixes, contre le rejet. Des analyses sanguines,
urinaires, des échographies, des radios, des rendez-vous médicaux réguliers
pour surveiller la fonction rénale entre autre.
Des fatigues et des gros soucis digestifs qui l’obligent régulièrement à
rester couchée, à ne pas aller en cours.
Cela fait dix
sept ans qu’elle est greffée. Je suis pleine de gratitude pour la personne qui
lui a donné son rein après sa mort, pour TOUS les soignants qui l’accompagnent
dans sa survie. Bien sûr.
Aujourd’hui le
greffon fatigue. Je suis dans l’attente de résultats d’analyses sanguines pour
savoir si je peux lui donner un rein. Ils cherchent si elle n’a pas créé des
anticorps suite à sa première greffe.
Elle a vingt
quatre ans aujourd’hui, dans un corps qui, parfois, lui semble en avoir quatre-vingts…
N’est-ce pas
injuste ? Profondément injuste ?
Alors oui, je
veux en parler. Ne plus me taire. Et même s’il n’est pas (encore) prouvé que
les pesticides y soient pour quelque chose, il n’est pas non plus prouvé qu’ils
n’y soient pour rien.
Et ils tuent !
Ça c’est prouvé !
Fin de la
soumission.
Pour finir je
vous mets ci-dessous un lien vers une étude effectuée par Dr. Jacques Sténuit
et Marie-Louise Van Hammée, intitulé « Les pesticides et les
enfants » mis à jour en 2010.
Laurence
Berthault
1 -
GLYPHOSATE
Sur le site
Institut National de Santé Publique Québec https://www.inspq.qc.ca/bise/l-herbicide-glyphosate-cancerogene
j’ai relevé dans un article de juin 2015 :
« Le
glyphosate est un désherbant systémique, produit par la firme Monsanto,
notamment sous le nom commercial de « Roundup© », qui entre également
dans la formulation d’environ 750 produits commerciaux puisque le brevet de
fabrication est expiré depuis 2000. Le glyphosate est l’herbicide le plus
utilisé dans le monde.
Puisqu’il est
systémique, il s’attaque à tous les végétaux et ne peut être employé dans des
endroits où des plantes doivent être conservées. Depuis quelques années, des
polémiques ont découlé de la mise en marché de plantes agricoles transgéniques
(par Monsanto) résistantes à cet herbicide, favorisant ainsi son utilisation
accrue et à plus grande échelle.
En mars dernier
(2015), Centre international de recherche sur le cancer (CIRC– IARC sous son
acronyme anglophone) a classifié le glyphosate comme « probablement
cancérogène pour l’humain » (groupe 2A), sur la base des recommandations
d’un groupe de travail composé de 17 personnes provenant de 15 pays. Il faut
préciser que l’agence étasunienne de l’environnement (US-EPA) avait classé
cette substance comme « possiblement cancérogène » en 1985, pour
subséquemment la classer comme « non-cancérogène chez l’humain » en
1991. La récente décision du CIRC découle notamment d’études réalisées avec des
travailleurs agricoles exposés au glyphosate chez qui une augmentation du
nombre de lymphomes non-Hodgkiniens a été notée, alors que chez des animaux de
laboratoire, divers cancers pourraient être induits par cet herbicide. »
Bien sûr
Monsanto (filiale de BAYER depuis 2018) le conteste.
2 - ROUNDUP
Définition sur
Wikipédia :
Roundup
est le nom commercial (nom de marque) d'un herbicide
produit par la compagnie américaine Monsanto1 et
commercialisé depuis 1975.
Il est utilisé en épandage et peut l'être en pulvérisateur manuel. C'est un
herbicide non sélectif, d'où le qualificatif d’« herbicide total »,
dont la substance active (herbicide) est le glyphosate.
C'est un produit toxique2,
irritant et écotoxique3 et selon
le CIRC cancérogène
probable4.
En France, une interdiction de la vente libre aux particuliers de ce produit
est à l'étude5.
3 - PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
Extrait du site
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des
substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à
l’organisme. Elles peuvent interférer avec le fonctionnement du système
endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou
sur ses descendants (OMS,2002).
Ces substances peuvent interférer avec « la production, la sécrétion, le transport, le métabolisme, la liaison, l’action ou l’élimination des hormones naturelles » (Multigner, 2007).
Les PE peuvent agir de différentes façons :
Ces substances peuvent interférer avec « la production, la sécrétion, le transport, le métabolisme, la liaison, l’action ou l’élimination des hormones naturelles » (Multigner, 2007).
Les PE peuvent agir de différentes façons :
- en imitant l’action d’une hormone naturelle ;
- en se fixant sur les récepteurs des hormones naturelles ;
- en gênant ou en bloquant le mécanisme de production ou de régulation des hormones ou des récepteurs, modifiant ainsi les concentrations d’hormones présentes dans l’organisme.
4 - PAUL
François a écrit un livre : « Un paysan
contre Monsanto ». Il est également Président de l’association
Phyto-victimes https://www.phyto-victimes.fr/
« L’association
Phyto-Victimes a été créée le 19 mars 2011 par des professionnels du monde
agricole qui ont été confrontés brutalement à deux constats : les
pesticides employés dans le cadre de leurs métiers avaient causé des dégâts
importants et irréversibles sur leur santé, et la reconnaissance en tant que
victimes des pesticides ne pouvait s’obtenir sans une vraie bataille
judiciaire. »
Au moment où
j’ai écrit mon texte « Soumission, colère et pesticides » je ne
savais pas que trois jours plus tard son
procès contre Monsanto repassait devant la
cour d’appel de Lyon. Cette dernière, le 11 avril 2019 donc, vient de retenir à
nouveau la responsabilité de Monsanto. Mais il est loin d’être indemnisé. Voir
l’article à ce sujet sur le site de l’association.
5 - SOJA
OGM. Le soja est modifié pour survivre aux effets des pesticides.
En voulant
mettre ici, la définition du soja OGM, je suis tombée sur cette étude de 2010,
sidérante :
Lu dans un
article publié sur internet sur l’express.fr :
La majorité (70
à 80% selon les estimations) du soja cultivé dans le monde est OGM. En France,
il est interdit de cultiver du soja transgénique. Mais le pays en importe
beaucoup, destiné à l'alimentation animale. Ce soja génétiquement modifié est
conçu pour résister au glyphosate : de nombreuses associations environnementales
dénoncent les conséquences dramatiques de l'utilisation de cet herbicide sur
les populations locales, notamment en Amérique du sud.
6 - ATRAZINE
Sur le site https://www.consoglobe.com/atrazine-ennemi-sournois-eau-robinet-cg je
lis :
«
L’atrazine est un herbicide de synthèse très dangereux, incolore et peu soluble
dans l’eau. Couramment utilisé en France sur les cultures de maïs depuis 1960,
l’atrazine a été interdit en 2001. Mais continue de menacer notre santé. »
7 « Un si long voyage » :
récit que vous pouvez acheter via mon intermédiaire pour 10€ (sans les frais de
transport).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire