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13 avril 2019

Soumission, colère et pesticides.


Moi, la gentille, la douce, la bienveillante, ne suis-je pas la soumise ?
Soumission apprise, inculquée dans l’enfance. Que reste-t-il aujourd’hui de cet état de soumission ? Ne serait-il pas temps de faire sauter les chaînes et de m’exprimer enfin ?

Je pars d’une hypothèse : le glyphosate 1, et autres pesticides, donne le cancer. Non, ce n’est pas une hypothèse dénuée de sens. Cela a d’abord été analysé, à bas bruit, pour ne pas énerver les Monsanto et compagnie. Certains laboratoires étant à la solde des fabricants de pesticides, les résultats furent plus ou moins falsifiés. Mais certaines victimes, adultes, se lèvent enfin et s’expriment contre ces empoisonneurs, avant, pour certains, de s’écrouler à jamais. Ce sont eux qui, en cessant de se soumettre font avancer, font prendre conscience des dégâts occasionnés par ces industriels peu scrupuleux.

Je me suis renseignée, de mon coté, sur la probabilité que les pesticides aient été responsables du cancer de mon enfant à l’âge de 2 ans.  Si je n’en parle pas ouvertement, si je ne m’exprime pas sur le sujet, je fais le jeu de la soumission.


Lorsque je suis tombée enceinte, en 1994,  je vivais à la campagne, ma maison était entourée de champs dont les épandages de pesticides étaient comme une image d’Épinal. L’eau du robinet, l’air que l’on respirait, n’étaient-ils pas contaminés par les pesticides ? Qui le sait ? Qui le dira un jour ? Comme beaucoup, je jardinais, et j’ai utilisé du Roundup2. Je ne savais pas, nous ne savions pas l’impact sanitaire qu’il avait alors. Puisque c’était en vente libre, cela ne devait pas être mauvais … On ne se posait pas la question. Tout comme on ne se la posait pas pour l’alimentation industrielle vendue dans les supermarchés à grands renforts de campagnes publicitaires, distillées en continu sur les chaines de télévision, sur les ondes radio, dans les magazines, sur les panneaux géants installés partout où le client potentiel pouvait passer. Ces mêmes produits nous instillant des perturbateurs endocriniens3 dont nous n’avions même pas connaissance…

Pourquoi devrais-je me taire ? Pourquoi devrais-je me soumettre à ces oligarques qui, tout comme certaines figures parentales, nous dictent nos comportements ? Nous imposent leurs lois au nom du pouvoir et de l’argent ?

Je ressens de la colère ! Contre qui puis-je l’exprimer ? Je mets au monde une enfant magnifique, un bébé dont j’espère une vie merveilleuse et deux ans plus tard le couperet tombe « néphroblastome bilatéral » ! C’est quoi ce truc ? Un cancer pédiatrique rare qui touche les reins. D’où ça sort ? Je pose ouvertement la question aux médecins qui n’ont pas d’explication, nous sommes en 1997. C’est  génétique… Aucun cas dans ma famille élargie, ni dans celle de son papa. Aucune certitude sur son origine donc.

Et si c’était les pesticides ? Pas de preuve, faute de recherches abouties, pas d’accusation possible. Trop peu de cas pour se pencher sur le sujet.

Début 2018, un documentaire est passé sur France 2, « Paul François4 : le paysan qui défie Monsanto » à « 13h15, le samedi ». Il y parle de son empoisonnement dû à un pesticide le Lasso, fabriqué par la firme Monsanto ainsi que du glyphosate et de ses dégâts.  Regarder ce reportage sans pleurer de tristesse et de rage est impossible. Des bébés et des enfants sont morts et meurent en Argentine où l’épandage est employé à hautes doses. Ce documentaire est visible sur la chaine Youtube.

Une femme argentine dont la maison est entourée de champs de soja OGM 5 où l’usage du glyphosate est intensif,   raconte : « Ma fille est morte d’une malformation rénale. Dans la rue, sept mamans ont perdu leur enfant. C’était devenu normal qu’on nous rende nos enfants dans un petit cercueil blanc. Nous, on pensait qu’ils mourraient de cause naturelle, mais pas du tout ! Les pesticides étaient en train de nous tuer. »

 Eduardo Avila Vasquez médecin d’une clinique à Cordoba dit : « Les mères sont exposées aux produits chimiques, les pesticides comme le glyphosate, abiment les chaines ADN, ils provoquent des mutations dans les cellules comme par exemple dans les ovules et les spermatozoïdes. Donc ça affecte l’embryon. […] Dans les eaux de pluie on détecte énormément de glyphosate et d’atrazine 6. »

Et le gouvernement français n’interdit pas le glyphosate ?! Il attend 3 ans ! Il attend quoi ? D’autres malades ? D’autres morts ?

Ma colère est suscitée par le destin tellement injuste de mon enfant. Je vais faire succinct ici, j’ai tout raconté ou presque dans mon livre « Un si long voyage » 7 :
Cancer des reins détecté lorsque ma fille a deux ans et demi, neuf mois de chimiothérapie puis un passage au bloc  opératoire à trois ans et demie pour lui retirer un rein trop atteint par les cellules cancéreuses, et éplucher le deuxième rein « comme une pomme de terre » m’a dit le chirurgien à la sortie du bloc. On peut vivre avec un rein en bon état. Nous savions que celui qui restait à notre fille, même si je me refusais de l’entendre, allait finir par capoter. Hospitalisée en urgence pour sa première séance de dialyse.  Je vous passe les détails, je préfère  vous épargner. Ma fille a alors six ans. Elle sera dialysée pendant un an et demi, à raison de trois fois par semaine, pendant quatre heures. Trois putains d’après-midi par semaine, piquée dans son petit bras par deux grosses aiguilles, allongée pendant quatre heures, à coté d’une machine qui lui prend son sang, le « lave » et lui redonne. Un premier appel pour une greffe,  ambulance direction le CHU à trois cent kilomètres de chez nous,  badigeonnée de Bétadine de la tête aux pieds, attente anxieuse de plusieurs heures au service néphrologie, prête pour le bloc,  le greffon sera-t-il pour elle ou pour un autre enfant ? … Pas pour elle … retour à la maison, et re dialyse.  

Et puis, un jour de mars 2002,  cette fois, l’appel pour la greffe est le bon. Une résurrection après bien des épreuves. Elle grandit, mieux, mais pas sans soucis médicaux. Des périodes d’accalmie suivies d’hospitalisations en urgence, à plusieurs reprises. Des médicaments à prendre trois fois par jour à heures fixes, contre le rejet. Des analyses sanguines, urinaires, des échographies, des radios, des rendez-vous médicaux réguliers pour surveiller la fonction rénale entre autre.  Des fatigues et des gros soucis digestifs qui l’obligent régulièrement à rester couchée, à ne pas aller en cours.

Cela fait dix sept ans qu’elle est greffée. Je suis pleine de gratitude pour la personne qui lui a donné son rein après sa mort, pour TOUS les soignants qui l’accompagnent dans sa survie. Bien sûr.

Aujourd’hui le greffon fatigue. Je suis dans l’attente de résultats d’analyses sanguines pour savoir si je peux lui donner un rein. Ils cherchent si elle n’a pas créé des anticorps suite à sa première greffe.
Elle a vingt quatre ans aujourd’hui, dans un corps qui, parfois, lui semble en avoir quatre-vingts…
N’est-ce pas injuste ? Profondément injuste ?

Alors oui, je veux en parler. Ne plus me taire. Et même s’il n’est pas (encore) prouvé que les pesticides y soient pour quelque chose, il n’est pas non plus prouvé qu’ils n’y soient pour rien.
Et ils tuent ! Ça c’est prouvé !
Fin de la soumission.

Pour finir je vous mets ci-dessous un lien vers une étude effectuée par Dr. Jacques Sténuit et Marie-Louise Van Hammée, intitulé « Les pesticides et les enfants » mis à jour en 2010.


Laurence Berthault


1 - GLYPHOSATE
Sur le site Institut National de Santé Publique Québec https://www.inspq.qc.ca/bise/l-herbicide-glyphosate-cancerogene j’ai relevé dans un article de juin 2015 :

« Le glyphosate est un désherbant systémique, produit par la firme Monsanto, notamment sous le nom commercial de « Roundup© », qui entre également dans la formulation d’environ 750 produits commerciaux puisque le brevet de fabrication est expiré depuis 2000. Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde.
Puisqu’il est systémique, il s’attaque à tous les végétaux et ne peut être employé dans des endroits où des plantes doivent être conservées. Depuis quelques années, des polémiques ont découlé de la mise en marché de plantes agricoles transgéniques (par Monsanto) résistantes à cet herbicide, favorisant ainsi son utilisation accrue et à plus grande échelle.

En mars dernier (2015), Centre international de recherche sur le cancer (CIRC– IARC sous son acronyme anglophone) a classifié le glyphosate comme « probablement cancérogène pour l’humain » (groupe 2A), sur la base des recommandations d’un groupe de travail composé de 17 personnes provenant de 15 pays. Il faut préciser que l’agence étasunienne de l’environnement (US-EPA) avait classé cette substance comme « possiblement cancérogène » en 1985, pour subséquemment la classer comme « non-cancérogène chez l’humain » en 1991. La récente décision du CIRC découle notamment d’études réalisées avec des travailleurs agricoles exposés au glyphosate chez qui une augmentation du nombre de lymphomes non-Hodgkiniens a été notée, alors que chez des animaux de laboratoire, divers cancers pourraient être induits par cet herbicide. »

Bien sûr Monsanto (filiale de BAYER depuis 2018) le conteste.


2 - ROUNDUP 
Définition sur Wikipédia :
Roundup est le nom commercial (nom de marque) d'un herbicide produit par la compagnie américaine Monsanto1 et commercialisé depuis 1975. Il est utilisé en épandage et peut l'être en pulvérisateur manuel. C'est un herbicide non sélectif, d'où le qualificatif d’« herbicide total », dont la substance active (herbicide) est le glyphosate. C'est un produit toxique2, irritant et écotoxique3 et selon le CIRC cancérogène probable4. En France, une interdiction de la vente libre aux particuliers de ce produit est à l'étude5.

3 - PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
Extrait du site
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme. Elles peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire des effets néfastes sur l’organisme d’un individu ou sur ses descendants (OMS,2002).
Ces substances peuvent interférer avec « la production, la sécrétion, le transport, le métabolisme, la liaison, l’action ou l’élimination des hormones naturelles » (Multigner, 2007).
Les PE peuvent agir de différentes façons :
  • en imitant l’action d’une hormone naturelle ;
  • en se fixant sur les récepteurs des hormones naturelles ;
  • en gênant ou en bloquant le mécanisme de production ou de régulation des hormones ou des récepteurs, modifiant ainsi les concentrations d’hormones présentes dans l’organisme.

4 - PAUL François  a écrit un livre : « Un paysan contre Monsanto ». Il est également Président de l’association Phyto-victimes  https://www.phyto-victimes.fr/
« L’association Phyto-Victimes a été créée le 19 mars 2011 par des professionnels du monde agricole qui ont été confrontés brutalement à deux constats : les pesticides employés dans le cadre de leurs métiers avaient causé des dégâts importants et irréversibles sur leur santé, et la reconnaissance en tant que victimes des pesticides ne pouvait s’obtenir sans une vraie bataille judiciaire. »

Au moment où j’ai écrit mon texte « Soumission, colère et pesticides » je ne savais pas que trois jours plus tard  son procès contre Monsanto repassait devant  la cour d’appel de Lyon. Cette dernière, le 11 avril 2019 donc, vient de retenir à nouveau la responsabilité de Monsanto. Mais il est loin d’être indemnisé. Voir l’article à ce sujet sur le site de l’association.


5 - SOJA OGM. Le soja est modifié pour survivre aux effets des pesticides.
En voulant mettre ici, la définition du soja OGM, je suis tombée sur cette étude de 2010, sidérante :

Lu dans un article publié sur internet sur l’express.fr :
La majorité (70 à 80% selon les estimations) du soja cultivé dans le monde est OGM. En France, il est interdit de cultiver du soja transgénique. Mais le pays en importe beaucoup, destiné à l'alimentation animale. Ce soja génétiquement modifié est conçu pour résister au glyphosate : de nombreuses associations environnementales dénoncent les conséquences dramatiques de l'utilisation de cet herbicide sur les populations locales, notamment en Amérique du sud.

6 - ATRAZINE
«  L’atrazine est un herbicide de synthèse très dangereux, incolore et peu soluble dans l’eau. Couramment utilisé en France sur les cultures de maïs depuis 1960, l’atrazine a été interdit en 2001. Mais continue de menacer notre santé. »

7  « Un si long voyage » : récit que vous pouvez acheter via mon intermédiaire pour 10€ (sans les frais de transport). 
 
 

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