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19 août 2021

"Va manger chez toi"

 Un samedi du mois d'août, comme tous les samedis depuis cinq semaines, nous nous donnons rendez-vous mes ami.e.s et moi à ce que nous appelons notre guinguette. C'est un genre de camion-bar-restaurant avec des tables toutes autour, égrainées à ciel ouvert sur une grande place au bord de l'eau. Non loin un Carrousel pour les enfants, le tout permettant à tout un chacun de déambuler et d'avoir une vue d'un coté sur le bras de la rivière, et de l'autre sur le fleuve.

Comme tous les samedis nous y prenons un verre ou un café  avant de rejoindre tous ceux qui veulent conserver la liberté si chère à notre pays, en marchant pacifiquement dans la ville. Le nombre de personnes augmentent samedi après samedi, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des enfants, toutes classes sociales confondues, une joyeuse mixité solidaire, unie pour ne pas laisser s'installer un système liberticide.

Ce samedi 14 août 2021, nous sommes deux à aller y prendre une boisson avant que les autres n'arrivent. Comme à l'accoutumée, nous nous approchons du camion-bar et y voyons posée sur le comptoir une ardoise sur laquelle est écrit "Le passe devient obligatoire". Je ne m'y attendais pas, tant cela me semble absurde, et je m'écris à voix haute "le passe en extérieur !!" Comme nous repartons en marchant entre les tables, un couple, d'une cinquantaine d'années, fait des réflexions et des gestes on ne peut plus explicites. La femme nous fait signe avec ses mains, comme si elle chassait des choses devant elle, de dégager ! L'homme marmonne quelque chose que je lui demande de répéter car je n'ai pas entendu. Il répète avec véhémence : 

"Va manger chez toi" 

Nous sommes parties, les laissant à leur aigreur, et à leur rejet vis-à-vis de nous. Le choc passé, je me suis dit : "Alors on en est là... en l'espace de quelques jours nous sommes passées de clientes lambda à des pestiférées ... et nous nous faisons insulter ! "

Je ne peux pas ne pas l'écrire ici, ce qui fait notre quotidien dépasse l'entendement.

 

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