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4 décembre 2021

Maltraitance, et après ?

 Je pensais être un « je » mais je ne l’étais pas …

Comment se faisait-il que j’étais à ce point éparpillée comme un puzzle dont les pièces ne sont pas encore rassemblées ?...

Je pensais mon corps, mon esprit, mon âme, séparés les uns des autres. Pas un tout.

 

Après mûre réflexion, j’ai compris la source de ce démantèlement. Depuis ma naissance, mes parents ne m’ont pas regardée comme un être humain, mais comme un objet. Un objet n’a pas faim, froid, chaud. Un objet ne pense pas. Un objet peut être utilisé sans qu’on le questionne sur ses propres besoins.

La manière de regarder son enfant est fondamental pour l’aider à prendre conscience qu’il possède un corps, une pensée, des besoins et des désirs.

Ne pas lui donner cette capacité à voir qui il est, c’est l’amener à vivre toute sa vie coupé de ses ressentis. C’est l’amener à tomber malade, physiquement (négation des besoins du corps), psychiquement (négation des émotions), c’est l’amener à utiliser toutes sortes d’addictions pour combler le vide généré par le manque ou l’absence de tendresse, d’affection, d’amour.

Il faut beaucoup d’années et de travail sur soi pour faire en sorte que les pièces du puzzle jamais assemblées, finissent par se rejoindre et donner une cohérence à sa propre existence.

Il faut accepter de sortir du déni de la maltraitance parentale. Je crois que c’est cela le plus difficile. Nombre d’entre nous ne veulent pas en entendre parler, ni pour eux, ni pour les autres. Ce seraient trop douloureux et ils préfèrent continuer à vivre derrière le masque qu’ils se sont créés pour se protéger plutôt que de rendre ce faux-semblant aux responsables : les parents.

Une fois accepté de sortir du déni, il faut encaisser les répercussions douloureuses que cela engendre. Il faut le vivre pour réussir à en sortir. Sortir du faux-self. Aller à la rencontre de soi, cet(te) inconnu(e). C’est un long chemin semé d’embûches, de tourments, de questionnements sans fin.

On ne peut pas s’économiser ce passage et sauter par-dessus en clamant à qui veut l’entendre que l’on pardonne ! Il faut d’abord traverser la colère, celle qui rend à chaque individu bafoué, humilié, négligé, maltraité enfant, sa dignité humaine.

Après l’expression de cette colère, vient la tristesse. Encore une émotion dont l'expression a été interdite dans l’enfance. Une émotion à accueillir, à écouter. Se réconforter. Plus tard, l’idée d’envisager le chemin vers un pardon peut émerger. Mais il n’y a nulle obligation. Ce pardon est mal compris, mal utilisé. Les religions en font un leitmotiv, dont je ne suis pas friande. Pourquoi pardonner ? Pardonner à qui ? Dans quel but ? Il y a tant à faire avant même d’évoquer cela. Les religions, avec leurs dogmes, maintiennent l’individu dans la soumission. Soumission dont il doit absolument se défaire pour aller bien. Les religions inculquent la culpabilité. Foutaise que cela ! Tout le travail sur soi vise à se défaire de la soumission, de la culpabilité, de toutes ses injonctions venues des abuseurs.

Tous ceux qui n’ont pas voulu voir la vérité en face notamment sur la manipulation des parents, des religions, restent des êtres à moitié. Bancals, en souffrance, addicts, fragiles, malades, vivant à demi.

Pour réveiller son être endormi, il faut se rebeller.

C’est un long chemin. Se faire accompagner me semble indispensable et surtout plus efficace et plus rapide.

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